Source de la photo : Gzen92 / CC BY-SA 4.0

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Victoires juridiques

La CEDH a condamné la Russie à payer environ 350 000 euros pour avoir perturbé les réunions religieuses des Témoins de Jéhovah

Moscou

Le 31 janvier 2023, la Cour européenne des droits de l’homme, après avoir examiné sept plaintes déposées par des Témoins de Jéhovah de Russie, a reconnu que la perturbation des cultes de 2010 à 2014 constituait une violation des libertés fondamentales. La CEDH a condamné les requérants à verser aux requérants une indemnité de 345 773 euros et 5 000 euros supplémentaires à titre de frais de justice.

Que s’est-il passé?

Cette affaire concerne la perturbation de réunions religieuses dans 17 régions de Russie, ainsi que des perquisitions, la confiscation de publications et d’effets personnels, ainsi que plusieurs cas de détention avec perquisitions personnelles.

Des agents des forces de l’ordre, parfois armés et portant des masques, faisaient irruption dans les bâtiments où se déroulaient les cultes des Témoins de Jéhovah. Les actions des agents des forces de l’ordre ont été justifiées par des détails techniques, par exemple par le fait que les réunions ont été organisées sans préavis aux autorités. Les forces de sécurité ont soit exigé que l’événement soit arrêté, soit sont restées sur les lieux et ont filmé ce qui se passait à l’aide de matériel photo et vidéo, après quoi elles ont interrogé les personnes présentes.

À plusieurs reprises, la police a effectué des descentes dans des lieux de culte, y compris des résidences privées. Les mandats de perquisition ne fournissaient pas de motifs précis. Ils ont seulement déclaré que les bâtiments pouvaient contenir des « éléments de preuve pertinents pour l’affaire pénale ».

« Les requérants ont plaidé en vain auprès [de la police] pour qu’elle reporte la perquisition après la fin des offices religieux. » Plusieurs cas similaires sont décrits dans l’arrêt de la CEDH (§ 4).

Les victimes ont fait appel des actions des forces de sécurité devant les tribunaux locaux, mais leurs demandes n’ont pas été satisfaites.

Décision de la CEDH

La Cour européenne a conclu que les actions des autorités russes violaient l’article 9 de la Convention relative aux droits de l’homme, qui proclame le droit fondamental de participer à des rassemblements religieux pacifiques.

Voici des extraits de l’arrêt de la CEDH.

« La perturbation d’un rassemblement religieux par les autorités et la sanction infligée aux requérants pour la tenue d’événements religieux « non autorisés » constituent une « ingérence d’une autorité publique » dans le droit des requérants de manifester leur religion. » (§ 9)

« La Cour a déjà pris note de la jurisprudence constante de la Cour suprême de Russie selon laquelle les réunions religieuses, même celles qui se tiennent dans des locaux loués, ne nécessitent pas d’autorisation préalable des autorités ni d’avis aux autorités. La déclaration de culpabilité [des requérants] n’avait pas de [. . .] base juridique et n’était pas « prescrite par la loi ». (§ 10)

« Il n’est pas contesté que tous les rassemblements religieux étaient pacifiques par nature et n’étaient pas susceptibles de causer des troubles ou un danger pour l’ordre public. Leur perturbation . . . n’a pas poursuivi un « besoin social impérieux » et n’était donc pas « nécessaire dans une société démocratique ». (§·11)

« La Cour conclut que les mandats de perquisition avaient été formulés en termes extrêmement généraux [. . .] Ils n’ont pas précisé pourquoi les locaux en question avaient été ciblés, ce que la police s’attendait à y trouver et quelles raisons pertinentes et suffisantes justifiaient la nécessité de procéder à la perquisition. (§·12)

Que signifie la décision de la Cour européenne ?

Bien que les affaires examinées par la CEDH aient porté sur des événements antérieurs à l’interdiction des Témoins de Jéhovah en Russie en 2017, des centaines d’affaires pénales déposées depuis lors ont traité la discussion conjointe des Saintes Écritures comme un crime.

Yaroslav Sivulskiy, représentant de l’Association européenne des Témoins de Jéhovah, a commenté la décision de la CEDH en ces termes : « La CEDH a une fois de plus souligné qu’il n’y a pas et qu’il ne peut y avoir rien d’extrémiste dans les réunions religieuses des Témoins de Jéhovah. La même chose a été reconnue par l’Assemblée plénière de la Cour suprême de Russie, mais certains tribunaux russes continuent d’agir à l’encontre de ces décisions, mettant les Témoins de Jéhovah derrière les barreaux simplement en raison de leur religion.

Plus de 60 requêtes de personnes qui ont souffert de la campagne répressive contre les Témoins de Jéhovah russes sont en attente de la décision de la Cour européenne.

En juin 2022, la Cour européenne des droits de l’homme a reconnu illégale la liquidation des personnes morales des Témoins de Jéhovah en Russie et a exigé l’arrêt des poursuites pénales contre les croyants et la libération de toutes les personnes emprisonnées en raison de leur foi.

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